14 Oct Végétarisme
« Ce fut un texte clef dans ma réflexion sur l’alimentation » affirme le maire de Breitenbach qui précise que « fondamentalement, il aime la viande ».
Son choix de ne pas en consommer est basé sur plusieurs raisons, l’une des principales étant le refus de participer à l’élevage industriel concentrationnaire, à la maltraitance animale. » Fervent soutien de la L214 (association de défense animale), je suis choqué qu’il n’y ait pas davantage de souci du bien-être animal. Si les gens pouvaient faire un tour dans les abattoirs, ils seraient amenés à considérer cette souffrance ».
Sans avoir une approche dogmatique, il plaide pour une nette diminution de la consommation de produits animaux. « Je sais que pour l’équilibre agricole il faut du fumier; il n’est pas anormal de consommer ces produits, mais il est indispensable d’en réduire les quantités ».
Par la suite, la lecture d’ouvrages agricoles s’imposant, Jean-Pierre Piela est amené à d’autres constats. Toutes les études convergent: avec une alimentation végétale, à coût égal, on nourrit 7 à 10 fois plus de personnes. 2,2 millions d’enfants auraient alors accès à une nourriture suffisante. Et pour lui, nouvelle évidence: »Je ne m’imagine plus manger de viande pour cette raison ».
Les logiques s’enchaînent. La part des récoltes dédiées à l’alimentation humaine décroît au profit de celles vouées à l’alimentation animale. Et cette production nécessite beaucoup plus de ressources (surface, énergie, eau), causant de multiples dommages à l’environnement: déforestation, surconsommation d’eau douce, pollutions, réchauffement climatique, injustices sociales… »Au Brésil et en Amazonie, l’érosion des sols est phénoménale! De plus, la production animale est responsable de 80% des gaz à effet de serre de l’agriculture ».
Et le facteur santé? « Dans nos pays, on meurt de maladies induites par l’excès de viandes provenant d’animaux nourris aux céréales; les pauvres du Tiers-Monde meurent de faim due à l’impossibilité d’accéder aux terres où ils pourraient en faire pousser ». Un paradoxe et un enjeu qui obligent à oeuvrer pour faire évoluer les modes alimentaires!
Pour agir, diminuer les impacts, arriver à une disponibilité, un partage et une durabilité des ressources, Jean-Pierre, qui ne se veut en aucun cas donneur de leçons, est convaincu « que face à ce défi, il existe un levier fondamental dont chacun dispose, c’est son assiette ». Il sait qu’ « on touche à trop d’habitudes, de confort et que le changement est difficile à provoquer », tout en remarquant une prise de conscience de ces thématiques. « Autour de moi, les gens changent. Je suis persuadé qu’on peut avoir une alimentation de qualité accessible à tous ».Avec une alimentation fondée sur les céréales complètes, les légumineuses et les légumes, les besoins énergétiques sont couverts. Peu de poisson, » la pêche industrielle vide les ressources de la mer et 70% des poissons pêchés sont rejetés ». Jean-Pierre Piela limite également les produits laitiers et les oeufs, aliment pour lequel il reste fondamentalement attaché à la qualité.
Il privilégie en outre les produits issus de l’agriculture biologique et les circuits courts « Leur qualité nutritionnelle est bien meilleure; cette agriculture n’empoisonne pas notre environnement et veille à la bonne structure des sols ». Bien sûr, les légumes de son jardin figurent en bonne place dans les menus!
C’est dans les restaurants qu’il a beaucoup souffert du manque d’alternative. « Quand on ne mange pas de viande ou de poisson d’élevage, le choix est limité! Sauf à l’Acoustic où il y a également la garantie de la qualité ».
Jean-Pierre Piela déplore aussi l’abandon des produits lacto-fermentés et pratique le jeûne 2 jours par semaine. Mais là, c’est un autre sujet!
Menu photo:
Soupe aux pois cassés, poireaux, persil et feuilles de céleris, poivrons, piments
Tagliatelles, chou cabus aux herbes et tofu fumé
Salade de tomates et de betteraves rouges, avec persil, graines de courges et noix
Lucienne Fahrlaender