Fleurs de mai

Fleurs de mai

À tout seigneur, tout honneur ! Permettez-moi de vous offrir un brin de muguet pour cette veille de 1er mai, pas de ceux qui croissent en abondance dans les jardins, non, du vrai muguet « sauvage » (Maianthemum bifolium) qui, chaleur oblige et une fois n’est pas coutume, a déjà éclos un peu partout (photos 1 — 2). Il est vrai que sa fleur est de toute beauté, de par ses clochettes parfaitement régulières, sa blancheur immaculée et son parfum incomparable, à la fois subtil et envoûtant. À Breitenbach, on le trouve encore dans certaines châtaigneraies. Dommage qu’il soit trop souvent cueilli avant que ses clochettes ne soient fleuries.

Dans nos jardins, on note dès à présent le début très précoce de la floraison de la pivoine (diverses variétés horticoles de Paeonia) dont les teintes varient du blanc au rouge vif. Son nom alsacien (Pfengschtrosa = rose de la Pentecôte) fait référence à sa période de floraison. Enfant, je cueillais et défaisais ses fleurs pour en tapisser la rue et les autels de quartier lors de la procession de la Fête-Dieu. L’éclosion des boutons (photos 3 — 4) donne naissance à une très grosse fleur aux circonvolutions complexes (photos 5 — 6). Elle est souvent visitée par de nombreux insectes, telles cette fourmi (photos 7 — 8) en quête de nectar (les fourmis raffolent de sucre) ou de pucerons, ou cette chenille de papillon qui creuse allègrement son trou pour se nourrir (photos 9 — 10).

Les fleurs printanières constituent un vrai garde-manger pour les insectes qui viennent s’y ravitailler, comme ce coléoptère métallisé bien installé dans une fleur de salsifis des prés (Trapopogon sp) qui débute actuellement sa floraison (photos 11-12-13).

Pour mon goût, la reine des fleurs de saison reste cependant l’ancolie (Aquilegia vulgaris) qui, contrairement à son nom latin, n’a vraiment rien de vulgaire ! De taille respectable, la fleur croît en touffes souvent spectaculaires, à mi-ombre ou sur des versants frais. À Breitenbach, on la trouve (encore, car elle est trop cueillie pour des bouquets certes jolis) dans et aux alentours d’Espace Nature, mais surtout dans une belle et vaste station au Muhleck , sur un versant défriché et rendu au pâturage. La fleur est d’une esthétique remarquable, par sa belle couleur violacée, mais également par sa forme. Son appellation dialectale (Glockaschala = cloches qui sonnent) se justifie par la forme de ses organes reproducteurs, pistil et étamines, qui rappelle le battant d’une cloche (photos 14-15). Spectaculaires et très gracieux sont également ses éperons élégamment recourbés qui prolongent chaque pétale de la fleur (photos 16-17). Quelques simples photos suffiront, je pense, à vous faire partager mon affection pour cette fleur extraordinaire (photos 18 à 21).