Des pierres…

Des pierres…

L’Eglise Saint Gall

Comme la majorité des villages du Val de Villé, Breitenbach ne possède pas de patrimoine monumental réellement remarquable, nul vestige de château ou d’abbaye romane … mais il y a néanmoins d’intéressantes parties du patrimoine à signaler!

L’actuelle église Saint Gall, imposante par ses dimensions, ne date que de 1892. Elle a été édifiée alors que la pression démographique du XIXe siècle était déjà retombée, en remplacement d’un fort ancien sanctuaire qui, d’après de maigres archives, conservait quelques fragments romans. Récemment restaurée dans sa décoration intérieure, elle est bien représentative de l’architecture de cette époque. Elle abritait à l’origine une ancienne statue en bois polychrome de Saint Urbain qui est le patron des viticulteurs dans l’espace rhénan. On rappellera que Breitenbach possédait, depuis au moins le Moyen Âge et jusqu’à la fin du XIXe siècle, un important vignoble qu’on espérait protéger en promenant l’effigie du Saint en procession sur les coteaux viticoles. La mémoire collective relate que, lorsque la vendange était abondante, Urbain suivait les joyeux vignerons dans leurs libations, mais lorsqu’une tardive gelée printanière avait grillé les jeunes pousses, il se retrouvait plongé dans la fontaine pour que lui-aussi connaisse le triste goût de l’eau ! … »Süff Wasser … mer bekomme au nix anders des Johr ! » (« Bois de l’eau ! Nous aussi, nous n’aurons rien d’autre cette année ! » )

Dans un cadre bucolique au-dessus du quartier du Suppendorf, une chapelle dédiée à la Vierge a été édifiée en 1872. Elle abrite deux tableaux du peintre local Charles FRANTZ. Son clocheton ne tinte qu’une fois par an, le soir du 15 août pour appeler les villageois à la procession nocturne vers la « grotte de Lourdes » construite à proximité immédiate en 1913, à la veille de la Grande Guerre.

Une chapelle et de belles croix

Toujours en relation avec la piété populaire, Breitenbach possède 13 croix rurales qui jalonnent les chemins et qui, pour certaines d’entre elles, constituaient des étapes lors des processions des Rogations. Parmi elles, on citera la « Croix du Juge FREPPEL  » implantée au Mühleck, au sein d’un superbe panorama sur le village, l’église et la montagne. Elle rappelle la mémoire d’un Juge de Paix qui, sous la Révolution, cacha le curé réfractaire STEMM et délivra le menuisier Guth qui était incarcéré avec l’abbé STACKLER de Neuve-Eglise, dernière victime alsacienne de la guillotine. Le Juge est le grand-père de Charles-Emile FREPPEL, né à Obernai, qui devint évêque d’Angers, puis député du Finistère.

Parmi les « vieilles pierres », on relèvera aussi quelques anciennes bornes qui marquent les limites du ban communal. Certaines sont remarquables, comme celles qui portent l’initiale W , comme « Waldgenossen », en l’occurrence les usagers de la forêt du « Hochwald » qui, après un interminable procès évoqué par ailleurs, se sont vu attribuer au XIXe siècle la forêt indivise dite « des 26 communes » . Vers St Martin, des bornes portent encore les initiales HH, elles marquent les limites de l’ancienne forêt de HugsHoffen – Honcourt. La crosse épiscopale a été martelée sous la Révolution qui voulait faire disparaître tout symbole religieux. Vers Maisonsgoutte, quelques bornes portent le Tau, la croix symbole de St Antoine, le patron de ce village dont l’église a longtemps accueilli en pèlerinage les paysans venus pour implorer la protection du Saint sur leur bétail. On déposait alors à l’église un jambon ou une bande de lard …

Détails remarquables d’anciennes maisons de Breitenbach

Breitenbach est surtout remarquable par une facette de son architecture rurale. Les maisons anciennes sont de style vosgien, regroupant sous un même toit le logis, l’étable et le fenil, sans oublier l’omniprésence des caves nécessaires aux vignerons… Certains soupiraux sont même équipés de « balais de sorcière » (Haxabasa) qui doivent empêcher les sorcières et mauvais esprits de s’introduire et de gâcher le vin … Le village possède un grand nombre de linteaux de porte décorés et taillés dans le grès . Nombre d’entre eux, et c’est remarquable, datent encore d’avant la Guerre de 30 Ans (1618 – 1648) et prouvent ainsi que le village faisait déjà preuve d’une opulence certaine, probablement liée aux ressources forestières et surtout viticoles. Ces linteaux portent toujours le millésime d’édification de la maison, les initiales des constructeurs, des motifs décoratifs, essentiellement professionnels indiquant le ou les métiers des propriétaires, et plus rarement des motifs religieux. On en relèvera plusieurs exemplaires liés à la vigne (serpette, outils de tonnelier), dont un riche encadrement de porte daté de 1620 récupéré et remonté en face de l’ancienne mairie lors de la démolition du corps de garde. On admirera également le superbe linteau de l’ancien moulin en aval du village, avec sa belle roue à aubes. Il est daté de 1531, c’est le plus ancien connu dans notre vallée. Sur la même bâtisse, un linteau similaire, non daté mais certainement plus ancien, donne accès aux vestiges encore bien conservés d’un ancien moulin à huile qui traitait surtout les noix récoltés dans le village. L’édifice se situe sur le tracé du sentier patrimonial de St Martin – Breitenbach – Maisonsgoutte.