20 Mar 12 mars 2011
Nos jardins de village, comme déjà évoqué, recèlent bien de petits trésors d’esthétique, même si ces fleurs ne sont pas vraiment spontanées dans la flore locale et alsacienne. Avec le perce-neige décrit dans un précédent article, c’est le crocus (photos 1 et 2) qui annonce la fin de l’hiver par ses floraisons multicolores. Il existe certes une espèce indigène, localisée dans quelques cirques des Hautes-Vosges (Crocus albiflorus), mais ce sont des variétés horticoles qui ont envahi jardins et pelouses, y compris la prairie d’Espace Nature (photo 3). On regardera de très près pour admirer son joli et curieux pistil en forme de chanterelle (photos 4-5)… À propos de pistil, le crocus possède une espèce à floraison automnale (Crocus sativus), justement cultivé pour son pistil qui, cueilli, séché et broyé, donne le safran, l’épice la plus chère du Monde (autour de 30 000 euros le kilo !), ce qui se conçoit lorsque l’on sait qu’il faut environ 70 000 fleurs pour atteindre ce poids ! Un début de production a récemment vu le jour dans le Val de Villé.
On ne confondra pas Crocus sativus avec une autre fleur automnale qui lui ressemble quelque peu. Le colchique (Colchique autumnale), comme le dit la comptine, annonce la fin de l’été dans les prairies débarrassées du regain (photos 6-7-8). La fleur est toxique de par les alcaloïdes qu’elle contient, même si elle a connu quelque usage dans la pharmacopée populaire. Le colchique possède une biologie très particulière : floraison automnale, repos hivernal, fructification printanière et à nouveau repos végétatif estival. On n’a jamais réussi à faire germer une graine de colchique en labo !
En flânant dans le village ces derniers jours, j’ai encore repéré un superbe plant d’hellébore (dans le jardinet de Henri Frering), aux multiples fleurs blanches, vertes ou rougeâtres (photos 9-10-11-12). L’espèce sauvage et indigène, Helleborus foetidus, certes moins spectaculaire, fleurit actuellement sur les coteaux calcaires du vignoble, comme ici à Dorlisheim (photos 13-14-15), où s’épanouiront très bientôt les anémones pulsatiles et les premières orchidées.